Elle sort d’une touffe d’herbe qui l’avait cachée pendant la chaleur. Elle traverse l’allée de sable à grandes ondulations. Elle se garde d’y faire halte et un moment elle se croit perdue dans une trace de sabot du jardinier.
Arrivée aux fraises, elle se repose, lève le nez de droite et de gauche pour flairer; puis elle repart et sous les feuilles et sur les feuilles, elle sait maintenant où elle va.
Quelle belle chenille, grasse, velue, fourrée, brune avec des points d’or et ses yeux noirs!
Guidée par l’odorat, elle se trémousse et se fronce comme un épais sourcil.
Elle s’arrête au bas d’un rosier.
De ses fines agrafes, elle tâte l’écorce rude, balance sa petite tête de chien nouveau-né et se décide à grimper.
Et, cette fois, vous diriez qu’elle avale péniblement chaque longueur de chemin par déglutition.
Tout en haut du rosier, s’épanouit une rose au teint de candide fillette. Ses parfums qu’elle prodigue la grisent. Elle ne se défie de personne. Elle laisse monter par sa tige la première chenille venue. Elle l’accueille comme un cadeau.
Et, pressentant qu’il fera froid cette nuit, elle est bien aise de se mettre un boa autour du cou.